Cet article a été publié par Fabien Grenet sur le blog qu'il a tenu entre 2008 et 2016. Pour des question de référencement (SEO), lorsque l'agence nospoon a été créé, il a été décidé de transformer le blog de Fabien en site pour l'agence. Tous les articles ont ainsi été conservés, mais n'engagent pas l'agence quant aux contenus qui sont abordés.

Je ne suis pas designer de service, je suis un homme libre !

Non, je ne suis pas designer de service, designer d’expérience ou encore directeur de projet web & mobile. Je ne suis pas non plus designer d’interaction, architecte de l’information, ergonome ou expert en usages mobiles. Pas plus que je ne suis spécialiste des démarches collaboratives, expert en conduite du changement, animateur d’ateliers créatifs, chef de […]

Non, je ne suis pas designer de service, designer d’expérience ou encore directeur de projet web & mobile. Je ne suis pas non plus designer d’interaction, architecte de l’information, ergonome ou expert en usages mobiles. Pas plus que je ne suis spécialiste des démarches collaboratives, expert en conduite du changement, animateur d’ateliers créatifs, chef de projet SI, AMOA, PMO ou formateur. Enfin, je ne suis pas non plus agitateur d’idées, scénariste, dessinateur, spécialiste de la communication visuelle, négociateur ou chevalier blanc (quoique)..

Et pourtant, je porte tout ou partie de ces casquettes dans le cadre de mes missions en tant qu’indépendant et en ai porté une bonne partie lorsque j’étais employé à La Poste ou chez Bouygues !

je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre

Vous pensez peut être que cette introduction va me servir à vous présenter mon activité et mon positionnement, il n’en est rien. Il s’agit d’une réflexion ouverte que j’aimerais avoir avec vous par le biais des commentaires sur ce sujet au combien important : Quelles incidences la manière dont nous nous définissons peut elle avoir sur l’émergence des dynamiques d’intelligence collective et leur pérennité ? Dit autrement, la manière dont nous nous représentons et nous définissons influence-t-elle la perception de notre capacité à faire ainsi que de celle que nous attribuons à autrui ?

Quelles incidences la manière dont nous nous définissons peut elle avoir sur l’émergence des dynamiques d’intelligence collective et leur pérennité ?

Nous sommes en effet bien plus riches et divers que l’intitulé du poste que nous occupons, intitulé qui nous sert pourtant bien souvent à présenter notre activité professionnelle voire ce que nous sommes pour la société et la place que nous y occupons. Ce faisant nous nous mettons et mettons les autres dans des cases, manière d’aborder la diversité du monde de manière analytique qui ne m’a jamais semblé pertinente surtout lorsqu’il s’agit de parler de l’humain. Bien sur, comme tout le monde, j’utilise un certain nombre de raccourcis liés à cette culture des cases dans laquelle j’ai grandi (l’école use et abuse de ce procédé, en tout cas dans mes souvenirs), pour autant c’est une manière de regarder le monde qui m’a toujours laissé sur ma faim et à laquelle je réfléchis souvent.

Nous sommes […] bien plus riches et divers que l’intitulé du poste que nous occupons

Précédemment sur Le mag’, j’ai expliqué ma prise de conscience de la puissance de l’intelligence collective par la transformation sociétale que j’ai vécue entre 2004 et 2008 grâce à l’aventure peuplade à laquelle j’ai activement participé. Cette dernière m’a appris que nous ne nous réduisons pas à une simple définition «poste occupé, lieu d’habitation, situation familiale» mais que nous possédons une incroyable richesse intérieure qui ne demande qu’à être sollicité et surtout que nous la sous estimons allègrement. J’ai également pris conscience grâce à mon investissement dans l’association La Maizon que le fait de se définir par le travail est un puissant inhibiteur d’initiative. Nous avions en effet banni la question «quel est ton travail» pour éviter de mettre mal à l’aise une partie de nos adhérents en difficulté et ne pas favoriser un sentiment d’inégalité sociale dans ce lieu dans lequel au contraire nous prônions la bienveillance comme fondement du mieux vivre ensemble. Une des conséquences positives et visible de cette règle que j’ai pu constater était que les membres ne portaient pas de jugement à priori sur leur capacité à faire les choses, et donc que les interactions en étaient facilitées. Par exemple, le fait de ne pas savoir que Marc était comptable évitait de se faire la réflexion «il est comptable donc animer une session du jeu loups garou ça risque d’être trop fun pour l’intéresser…» et de ne pas le solliciter sur la question alors qu’il aimerait bien le faire mais n’ose pas se proposer pour cette même raison (l’exemple est un peu capilotracté mais traduit pourtant une réalité). Résultat, les membres se sollicitaient les uns les autres non pas sur les compétences liées à l’image d’Epinal de leur travail, mais de manière bienveillante, ouverte, libre et sans à priori.

nous possédons une incroyable richesse intérieure […] (et) nous la sous estimons allègrement

le fait de se définir par le travail est un puissant inhibiteur d’initiative

Dans un ordre d’idée différent, il y a quelques années une personne travaillant dans une grande banque d’investissement que j’ai rencontrée a présenté son activité comme ceci : je fournis à Airbus les moyens financiers pour fabriquer ses avions. Sur le moment j’ai trouvé à la fois qu’il était très prétentieux (il y avait tout de même un peu de ça) et que cette manière de présenter son activité était très intéressante. Car en effet derrière tout travail se trouve un intitulé, des objectifs, des moyens, une finalité et la valeur ajoutée associée. Dans ce cas de figure cette personne n’avait fait qu’exprimer la finalité de son travail et en donnait le sens à ses interlocuteurs. De cette manière il créait une dynamique positive encourageant à en savoir plus et minimisait les jugements à l’emporte pièce (qu’il soit positifs ou négatifs d’ailleurs) et les perceptions faussées les accompagnant comme par exemple «il travaille dans une banque d’investissement, sympa ce mec qui plombe la société avec ses montages de subprimes».

 je fournis à Airbus les moyens financiers pour fabriquer ses avions […] (créée) une dynamique positive encourageant à en savoir plus

Enfin, j’ai toujours trouvé fascinant que l’entreprise fasse essentiellement appel aux compétences liées aux postes des employés plutôt qu’à leur champ de compétence global alors qu’il y a pourtant là un vivier inexploité et facile d’accès qui pourrait être plus qu’utile en ces temps de crise. Ce constat est bien sur lié à mes missions sur l’entreprise sociale et les démarches collaboratives, donc forcément orienté par rapport à la réflexion qui a lieu dans ce billet, mais il s’agit néanmoins d’un très bon exemple pour l’étayer. En réutilisant notre ami Marc le comptable et en considérant qu’il a un hobby de dessinateur de BD amateur, on peut imaginer que la Direction de la Communication perd un avis éclairé et peu couteux sur la dernière campagne interne qu’elle a mené et dont les affiches était peu réussies de l’avis de tout le monde (ça fonctionne également si elle sont parfaitement réussies car elle ont de toute manière un coût). Parce que Marc se représente comme un comptable, qu’il est perçu comme tel par ses collègues, et ni lui ni personne n’a eu l’idée de lui demander son avis avant, alors même que beaucoup de ses collègues connaissent ses créations BD…

Bref, la réflexion est ouverte et je suis curieux de connaitre votre point de vue sur la question. Pensez vous que la manière dont nous nous définissons a des incidences sur l’émergence des dynamiques d’intelligence collective et sur leur pérennité, que ce soit en entreprise ou dans la société, et pour quelles raisons ?



 

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